Dans les hauteurs
Présentation de la dégustation
En cette fin d’année, le Cercle des Amateurs de Whisky va prendre de la hauteur. Il s’agira lors de cette dégustation de regarder, non pas, le whisky de haut, mais bien plutôt de nous placer à sa hauteur.
Pour cela nous commencerons par aller tout en haut des highland et rejoindre la ville de Thurso pour découvrir la distillerie Wolfburn. Bien qu’ancienne, elle a été construite en 1821 et fut l’une des plus grandes du comté de Caithness, elle cessera son activité en 1858. Elle renaîtra en 2012 après 1,5 siècle de silence et la renaissance de la « source du loup » ne passera pas inaperçue dans le monde du whisky. C’est en 2013 que sort des alambics, le premier distillat et en 2015 sera mis en vente une sortie d’alambic, à 68,5%.
Cette distillerie depuis, a réussi à mettre sur le marché une bonne quarantaine de mises en bouteilles et a déjà gagné de nombreuses médailles d’or. Elle est considérée comme l’une des meilleure distilleries artisanales de whisky, au monde. (scotch craft distillery). Bref, cette distillerie voit haut et loin.
La bouteille que nous allons déguster est de la série Aurora dont les premières bouteilles sont sortie en 2016. Le nom d’Aurora fait référence au poème "Aurora Borealis" de écossais David Vedder et aux nuits d’hiver sombres et mornes. Celles où l’on rencontre le loup de mer, représenté sur les bouteilles de la distillerie et cette rencontre porte bonheur.
A force de prendre de la hauteur, nous arrivons sur Mars. Avec cette troisième bouteille, nous allons déguster un distillat de la distillerie Mars Shinshu.
Elle est située à 798 m d’altitude dans les Alpes japonaises, près de Nagano et est la plus haute du Japon. Son fondateur fut Kiichiro Iwai, qui fut inspiré par le travail du père du whisky au Japon, à savoir MasatakaTaketsuru.
A la recherche de la localisation parfaite, la distillerie va déménager plusieurs fois avant de se fixer en 1985 à Shinshu.
Après une période de silence entre 1992 et 2011, elle va reprendre son activité, mais seulement durant l’hiver, soit pendant huit mois environ. Cette distillerie reste très artisanale et utilise une fermentation très longue de quatre jours avec trois types de levures. Les fûts sont extrêmement variés dans leurs origines. Ils proviennent de distilleries de bourbon, de sherry ou encore de producteurs de vins de Madère, parfois ils sont, tout simplement, neufs.
Avec la troisième dégustation, nous allons à la fois toucher le ciel et nous reposer un peu. Nous allons, en effet, sur l’île de Sky(e), pour y retrouver une toute jeune distillerie.
Nous vous proposons de découvrir un jeune distillat, de 4 ans, produit en 2017 par Torabhaig. Celle-ci est née de la volonté, sans faille, de la société Mossburn appartenant à la société Marussia Beverages. Sa construction ressemble bien à ce que nous connaissons dans le monde du bâtiment.
En effet le permis de construire fut accordé en 2002, mais les travaux ne débutèrent qu’en début de l’année 2014 pour se terminer 4 ans plus tard. Les propriétaires avaient identifié l’ancienne ferme de Torabhaig comme l'emplacement idéal pour une petite distillerie traditionnelle. Tous les facteurs nécessaires pour faire un bon whisky insulaire robuste, étaient en place. Une source d’eau pure, un beau bâtiment robuste, riche en histoire et en traditions locales, de magnifiques alambics en cuivre et les washbacks en bois traditionnels.
Torabhaig souhaite faire un whisky sans hâte. Pour eux, le temps est en effet un thème qui est profondément ancré dans la fabrication d'un bon whisky.
C’est une autre hauteur que nous découvrons avec la quatrième bouteille, en allant nous promener à Rest and Be Thankful, col culminant à 245 m et situé à l’ouest de l’Écosse dans la presqu’île de Campeltown. Le col est nommé ainsi parce que sa monté est longue et raide et qu’à la fin, il était de coutume, pour les voyageurs, de se reposer au sommet et d'être reconnaissants d'avoir atteint le point le plus élevé de la région. Mais c’est aussi le nom d’un embouteilleur indépendant. il a décidé de prendre ce nom pour faire déguster au monde entier ce qu’il y a de meilleur dans le whisky écossais et que chacun puisse se reposer un buvant le meilleur dram possible. R&BTW a débuté son activité en 2012, par des embouteillages de chez Bruichladdich. Il faut dire qu’Eamonn Jones était le responsable des ventes de cette distillerie, jusqu’au moment où le groupe Remy Cointreau l’a achetée.
Depuis cette date, il a embouteillé une quinzaine de distilleries différentes avec toujours des grands succès. Nous trouvons, notamment Spingbank, Macallan ou Highland Park.
Pour finir, (en beauté), mais au niveau de la mer, nous retournons en Ecosse, pour y retrouver Ardbeg et son tourbillon. En effet «Coirebhreacain» est le troisième plus grand tourbillon marin au monde, ce qui permet à Ardbeg d’explorer, en long, en large et en travers, les premières étapes de l’élaboration d’un single malt, c’est-à-dire le maltage, la fermentation et la distillation. Le résultant est une concentration d’Ardbeg qui va nous emmener dans un tourbillon ascendant de tourbe et d’iode. Il faudra s’accrocher et surtout se laisser le temps de la dégustation.
Nous remercions ARTELIA qui nous a accueillit dans la base vie des tours DUO.
Wolfburn est la distillerie écossaise la plus septentrionale de Grande Bretagne. Située à Thurso dans le comté de Caithness, elle débute sa production en 2013.
La série Aurora se veut être une présentation du savoir de la distillerie, avec une volonté d’en assurer une production dans les années à venir.
La première sortie de cette série date de 2016, celle que nous goutons, mais chaque année en sort une nouvelle, mais ce n’est pas pour autant que le vieillissement en fût augmente.
La bouteille reste un NAS, sans indication d’âge.
Aurora est un assemblage de whisky élevé dans trois types de fûts: des fûts quarter cask pour 40%, des fûts de bourbon de premier remplissage pour 40% et des fûts de sherry Oloroso pour 20%.
Mis en bouteille en 2016. 3 ans d’âge.
Non filtré à froid.
Maturation : Fût bourbon et fût de Sherry Olorosso
Couleur : Paille d’été.
Nez : Le beau beurre.
Bien sûr, c’est un jeune whisky, et cela se sent. Nous avons à la fois une présence maltée et de fruits à coque, (Amande et noix de pécan fraiche) mais nous allons aussi trouver des notes pâtissières comme le beurre frais et la vanille. Ce dernier se déploie largement et nous fait entrer peu à peu dans un monde plus sucré et melliflu. Où nous trouvons le Xérès, le raisin sec et le fruit rouge.
Le nez continue a se déployer, mais dans des tonalités plus boisées presque terreuse, une terre humide avec une certaine fraicheur, qui nous entrainent vers les épices douces (Cannelle).
Bouche : La belle pomme.
La bouche est plus dynamique que le nez. Elle se développe dans une belle continuité de ce dernier, mais les premières notes sont boisées et poivrées. Le bois est tendre et vert et le poivre est blanc. Nous repartons ensuite dans la vanille et la pâtisserie, où viennent s’entrechoquer des notes de citron et de pomme fraiche. Cette fraicheur reste longtemps en bouche et elle s’accompagne d’un duo de notes florales et d’épices.
Finale : La belle canne.
La finale est un peu courte, mais cela n’est pas complètement anormale pour un jeune whisky. Avec beaucoup de notes florales, d’herbe fraiche. La vanille de la bouche se transforme en bois, en tanins de fût. Le sherry du fût se fait présent et s’accompagne d’épice et de poivre noir.
La distillerie Mars est assez particulière. Elle ne recherche pas à produire de grande quantité de whisky, mais va plutôt aller sur les voies d’une distillation et d’un affinage maîtrisés.
Ainsi en dehors de la période de distillation, c’est-à-dire en été, d’autres alcools seront produits comme des alcools de prunes.
La série Nature de Shinshu est composée de 3 whiskies. Celui que nous goûtons le Shinano Tanpopo signifie littéralement « Fleur de Pissenlit ». Il est issu de l’assemblage de plusieurs types de fûts, ex-bourbon, fût de chêne blanc et fût de sherry.
La distillerie a aussi combiné des jeunes fûts avec des malts matures d'avant 1992.
1 bouteille sur 11 000.
Mise en bouteille en 2017. Sans indication d’âge.
Couleur : Cognac
Nez : Le beau bois.
Nous restons, avec ce nez dans la continuité vanillé du Wolfburn, mais c’est avec plus de vitalité que celui-ci nous plonge dans des notes boisées, caramilisées et vanillées. Le nez est calme et agréable. Le boisé est doux et sec. La vanille et le caramel nous entraînent vers le miel et le réglisse, voir vers le pain d’épice. Ces notes se transforment, en douceur, vers des notes florales et en fruits, légèrement acidulés, comme la groseille.
Bouche : La belle fleur.
Nous sommes dans une continuité du nez, avec des arômes de bois, de miel et de caramel. Le boisé passé, nous entrons dans des notes plus délicates de malt, de fleurs séchées et de gousse de vanille. Ces notes de fleurs vont pertuder, avant de nous laisser avec des notes d’épice et de fumée douce.
Finale : La belle douceur.
Une finale agréable et douce, amenant de la subtilité. Elle est de longeur moyenne. Nous restons avec le duo bois - vanille, mais avec l’arrivée de notes salines, de foin humide, d’herbe grillées.
Le verre vide nous ouvre la porte d’arôme torréfiés et de fumée blanche.
Ce qui a de bien avec les jeunes distilleries, c’est qu’elles ont de l’audace et ne cachent rien. Et de l’audace, il en faut pour doubler le nombre de distillerie sur l’ile de Skye. Pour cela Torabhaig n’hésite pas à nous parler du passé pour nous expliquer l’avenir, à nous expliquer que le grain d’orge et l’eau sont les deux éléments qu’ils connaissent le mieux et que finalement le temps est ce qu’ils préfèrent.
Ils sont 9 à s’occuper de la distillerie, mais personne n’a vraiment un poste précis, car tous ont à découvrir toute les étapes de la fabrication d’un bon whisky.
Alors les 9 de Torabhaig vont-ils faire un casse sur skye ?
Distillé en 2017. 4 ans. Mise en bouteille en 2020.
Couleur : Vin jaune.
Nez : La belle herbe.
Nous voilà devant un nez bien agréable. Ce jeune whisky de trois ans, nous plonge dans des notes terreuses et herbacées. La tourbe n’est pas en reste et elle est en duo avec des notes épicées et de fruits blancs (banane, pomme). Ensuite le nez s’ouvre vers un profil plus salé et plus vanillé. Le sel est timide, au contraire de la vanille qui va nous entraîner vers des notes de tarte et de citron.
Bouche : La belle mer.
Si le sel est subtile au nez, il est plus présent en bouche, et converse avec une tourbe légère et cendrée. Les notes de terre nous amènent vers l’herbacé, avec la bruyère et la minéralité avec des notes de sable. D’autres gorgés nous entraînent, étonnamment, vers des notes plus pâtissières. Est-ce la vanille du nez qui prend maintenant le dessus? Probable. Nous voilà donc avec des notes de crème, de miel, de sucre d’orge. La tourbe se fait alors plus secrète
Finale : La belle plante.
La finale rejoint le nez avec des notes herbacées et salées. Nous y trouvant le thé vert ou des concoctions à base de plantes. Elle est plutôt longue et se déploie dans ces notes herbeuses et terreuses pour dériver vers le café, le mou sec et le chocolat noir. La tourbe reste pudique mais présente. Elle tient la main au bois et à la noisette.
Bruichladdich est devenue en quelques années, c’est-à-dire depuis les années 2000, une distillerie incontournable. Elle n’a cessé de proposer des expérimentations qui deviendront des classiques, comme les Octomore, les Links ou les Organic.
Dans ce foisonnement, les embouteilleurs indépendants nous ouvrent, encore d’autres portes dérobés. R&BTW fait partie de ceux-ci.
Il nous fait découvrir le fût, dans toute sa noblesse, avec un choix et une sélection méticuleuse, et nous entraine dans une maturation fine et délicate.
Cette bouteille est issue d’un fût unique de bourbon, non réduit et donc au degré naturel.
Mise dans le fût n°454, le 15 juillet 2002.
Mise en bouteille le 4 décembre 2016.
Non filtré à froid
Maturation : Fûts de Bourbon.
13 ans. Bouteille 237 sur 284.
Couleur : Jaune doré.
Nez : Le beau sel.
Nous avons là un nez agréable mais discret. Les premières notes sont maltées et camphrées, mais avec un peu d’attente nous entrons dans un monde salé avec des arômes d’agrumes. Nous trouvons le citron, la peau sèche de citron, mais aussi le pamplemousse. Le salé nous attire vers des notes marines et minérales. (Si le galet avait une odeur, cela serait celle-là). Une certaine tendresse vanillée nous arrive ensuite, accompagnée de bois et d’épice (Cannelle)
Bouche : La belle riche.
Whisky agréable avec une belle complexité. Elle est grasse et enveloppante. Nous trouvons un duo sucré - salé, avec une continuité du nez, où cependant le sel se fait la part belle. Mais après un peu d’attente, car les 57,1%, se font sentir, le whisky nous entraine vers des notes patissières de glaçage, de gâteau au citron. Et bien sûr avec le gâteau arrivent la vanille et la cannelle. La bouche continue à s’ouvrir pour nous faire découvrir des notes boisées et argileuses. Dans les gorgés suivantes les notes d’agrumes sont plus présentes avec l’herbe sèche et la fleur fanée.
Finale : Le beau long.
Cette finale est plutôt longue et nous entraine dans des notes surprenante de fumée douce et de poivre blanc. Les agrumes restent présents jusqu’au bout. Et nous finissons par le commencement avec des notes de sel. (Et peut-être un peu trop pour moi)
Le Cercle des Amateurs de Whisky n’est pas un grand buveur d’Ardbeg, (A moins que cela soit son président !), et nous découvrons ici une bouteille qui a fait couler beaucoup d’encre dans les milieux du whisky.
En effet nous avons là un whisky sans âge, un NAS (pour «no age statement», autrement dit ; whiskies sans compte d’âge).
Cela devient quelque chose de courant depuis que la demande mondiale de whisky a explosé, mais qui entre en conflit avec les 50 ans de discours basé sur l’âge et sur la qualité qui viendrait avec les années.
Alors quand Ardbeg s’y met aussi et qu’il n’y a aucune communication de la part de la distillerie sur sa composition, même les types de fûts utilisés ne nous sont pas connus, alors oui, l’encre coule dans le maelström.
Couleur : Or jaune.
Nez : La belle orange.
Nous avons là un nez ample et plutôt agréable. La tourbe, bien sûr, nous arrive en premier, car forcement, le nez la cherche. Elle est légère et terreuse, mais elle n’hésite pas, à laisser la place à des notes d’agrumes, d’épice et de bois. Nous trouvons l’orange, le citron sec et allons-y, le pamplemousse. Mais pour tout dire ces arômes sont bousculés et submergées par des notes marines, de chocolat au sel mais aussi de bois cendré et de fumée chaude.
Bouche : Le beau cuir.
Je ne sais pas pourquoi, mais le cuir est là, un vieux cuir humide. Le whisky rempli la bouche dans une pétarade de notes de bois, de tourbe. Là aussi on s’y attendait.
Mais comme pour le nez, ces arômes se font bousculer à la seconde gorgé par des notes d’agrumes, avec l’orange, mais aussi, plus étonnant, par une légère douceur sucrée, qui nous attire, vers le pruneau. Tout cela se restera pas et nous retrouvons le feu de bois, la cendre chaude, la viande sèche et le poivre.
Finale : La belle fumée.
La finale est agréable et plutôt longue, voire très longue. Elle reste équilibrée avec un duo de notes de fumée et de poivre, de fruits secs et de bois coupé.
En ajoutant un peu d’eau, les notes sucrées arrivent et l’esprit de ce jeune whisky se fait plus présent, avec des notes de caramel salé et d’after eight.
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