Levons un toast au bourbon
Présentation de la dégustation
Vous vous en souvenez, le Cercle des Amateurs de Whisky en donne toujours plus.
Pour cette dégustation, vous aurez le whisky mais aussi des belles histoires. Elles vous seront racontées par Jeanne Mathe, ambassadrice de la maison Explorateur du goût. Nous allons ainsi découvrir au travers des passionnantes aventures des propriétaires de distilleries, influence du toastage des fûts et celle du bourbon, sur la palette des organoleptique des whiskies.
Cette présentation de 6 bouteilles, nous permettra de lever un toast au bourbon. Et il le mérite bien !
Pour nous mettre en bouche, nous commencerons par la référence, c’est-à-dire par une bouteille de…bourbon. Et comme nous sommes à la Prohibition, c’est par Midnight Moon et son Moonshine que nous démarrerons cette dégustation. Le moonshine était durant la Prohibition un alcool de contrebande, produit à partir de maïs et généralement de nuit (d’où le nom) par les distillateurs clandestins de la région des Appalaches.
Le Midnight Moon est officiellement né lorsque Piedmont Distillers, la première distillerie légale de Caroline du Nord depuis la Prohibition, a fait appel à Junior Johnson. C’était en 2005. Auparavant, la famille Johnson distillait cet alcool illégalement, et cela depuis plusieurs générations. Et la famille de Junior a maintenu cette « tradition » pour survivre. C’est à l’age de 14 ans, quand Junior s’est mis au volant d’une voiture, que les choses ont changé pour elle.
En effet, celui-ci était très doué pour la conduite automobile et pour semer la police. Il a construit des voitures rapides et inventé des mouvements de conduite audacieux. Son sens de la course s'est rapidement transformé en passion et Junior (de son vrai nom Robert Glenn Johnson Jr.) est passé au NASCAR, où il est devenu instantanément une star. Il passera cependant quelques mois en prison, avant d’être l’un des pilotes et propriétaires les plus titrés de l'histoire de cette course. (Il en gagna 50). Il décédera en 2019 à 88 ans, devenant alors une légende.
Après cet alcool de contrebande, nous partons pour l’Irlande pour découvrir Currach, un whisky distillé par la maison Origin Spirits Ireland Ltd dans la ville balnéaire de Skibbereen. Nous connaissons déjà cette maison, car nous avons dégusté de chez eux, la vodka pendromique Kalak. Avec Currach, nous découvrirons le fût toasté aux algues de la mer celtique.
Le distillat issus d’orge maltée irlandaise, subit une tripe distillation, comme il se doit et terminera ses trois derniers mois de maturation dans des fûts de chêne vierge américain carbonisés aux algues.
Avec le whisky suivant, nous continuerons nos découvertes, et porterons à nouveau un toast, mais cette fois-ci à Saint George. Portée par le renouveau du whisky anglais, depuis le début de ce siècle, The English Whisky Compagnie produit, depuis décembre 2006, à St George distillery, des distillats de malt et de grain. Le Gently smoked sherry cask, que nous allons goûter, a la particularité d’avoir vieilli dans des fûts
de sherry préalablement toastés. C’est une des quelques expériences faites par cette distillerie, pour trouver des nouveaux profils aromatiques.
Après l’Angleterre, nous voici maintenant en Écosse, pour y trouver une assez jeune distillerie, la Spey. Cette distillerie récente, et confidentielle, produira sa première eau de vie en 1990 et son 1er single malt en 1993. Le Fumare est un whisky, classique, réalisé à partir d’orge malté et tourbé
et mis en maturation dans des fûts de bourbon. Ce whisky nous fera faire une petite pause tranquille, nous permettant de vous raconter l’histoire étonnante, celle de la famille propriétaire de cette distillerie.
En effet les plus illustres ancêtre, John & Robert Harvey commencent leur aventure dans le whisky en fondant et en exploitant les distilleries Yorker et Dundashill à Glasgow. Puis, en 1881, les générations suivantes fondèrent la distillerie Bruichladdich à Islay. Pendant la prohibition, dans les années 20, l'accent sera mis par les Harvey's sur la qualité du whisky. (Contrairement à d’autres). Alec Harvey (9ème génération), exporta son whisky et développera une entreprise lucrative à Chicago et à New York, avec des clients, plus ou moins recommandables. C’est la 11ème qui ouvrira les portes de la Spey, avec John Harvey Jr.
Retour en Irland avec le Hyde, distillerie que nous connaissons déjà. Nous goûterons le n°9. Là aussi, la famille Hyde compte une longue tradition dans la négoce de spiritueux puisque les membres de la famille restèrent les propriétaires connus d’une taverne de la région de West Cork entre 1600 et 1962.
Pour finir, nous partirons à l’autre bout du monde, pour découvrir la distillerie japonaise Kujira et son whisky de grain, fabriqué à partir de riz. Kujira, c’est la baleine, symbole de puissance et de la nature en majesté. C’est un animal familier pour les Okinawaïens, qui peuvent les croiser particulièrement l’été.
Pour nous c’est surtout la découvert d’un majestueux whisky, qui nous ouvre une autre palette de sensations gustatives. Et là aussi nous trouvons de belles histoires, avec à l’origine la distillerie Kumesen Shuzo, fondée en 1952. Elle produit le traditionnel Awamori, une boisson alcoolisée élaborée à partir de riz fermenté puis distillé, typique de l’archipel d’Okinawa.
Aux alentours de 1989 la distillerie commence à produire un whisky en faisant vieillir ses distillats en fûts de chêne. Ainsi sous la main experte du maître de chais Yoichi Higa, fut créé une catégorie
spécifique de Whisky japonais, nommée Ryukyu Whisky
Le Midnight Moon est un bourbon qui sort (un peu) des sentiers battus en proposant un distillat issus d’une sélection de maïs,d’orge et de seigle. Ses particularités viennent surtout d’un vieillissement dans des fûts plus ou moins toastés. La distillerie a choisis de se concentrer, aussi, sur la qualité de son eau, en la filtrant cinq fois, obtenant ainsi une grande pureté et sur la distillation, avec un choix d’une triple dans un alambic, hybride, à colonne et pot still. Par cette technique, nous allons nous rapprocher des profils organoleptiques de certaines vodkas, avec une sensation de douceur sucrée sur la langue.
Les sorties d’alambic sont aussi utilisées pour la fabrication d’infusions de fruits.
Seront ainsi obtenus des alcools sucrés aux senteurs de fruits. Fût L/004
Maturation : Fût de chêne neuf américain.
Couleur : Brun Claire.
Nez : Douce Caroline. Le nez est franc. Sa jeunesse, sa maturation est de 6 mois, lui donne une belle vitalité. Il nous ouvre à des notes de bois chaud et de bois brûlé. Nous allons bien sûr, retrouver les caractéristiques du bourbon, avec d’un coté les notes
d’épices, de noisette et de l’autre, des notes plus sucrées de caramel tendre et de maïs. Une fois passé ces « classiques », le nez nous entraîne vers des notes de beurre, de sucre brun et de gâteaux. Peu à peu le nez se fait plus tendre et l’agrume fait son apparition avec le sucre glace.
Bouche : Douce nuit. La bouche est dans la continuité du nez, avec une belle attaque poivrée et salée sur la langue. Nous allons retrouver le bois, la cendre humide, l’épice. Le bois se fait très présent par moment pour disparaître sous un flot de caramel,
de beurre salé et d’épices.
Finale : Douce Disparition. La finale est agréable, mais un peu courte. Elle s’évapore avec des notes caramélisées, (très) poivrées et épicées.
L’Irlande est en pleine ébullition et par le fort développement de ces distilleries et des choix de production qu’elle prennent, revient sur le devant de la scène.
Currach, qui est le nom d’une petite embarcation, fait partie de ces whiskies qui ont une approche très particulière de la maturation.
Le toastage aux algues, le Kombu irlandais de l’Atlantique, une algue locale, renouvelé 6 fois dans le fût, va donner, dans les trois mois de maturation finale, un profil aromatique très particulier. C’est le moins que nous puissions dire.
L’expérimentation irlandaise nous offre donc là un aperçu de son savoir faire, qui ne laisse personne indifférent.
Sans age. Non filtré à froid - Triple distillation
Fût n°3 bouteille n° 1671. Mise en bouteille en février 2021.
Maturation en fût de fûts de Bourbon. Finition 3 mois en fût de chêne américain neuf toasté aux algues Kombu d’Atlantique.
Couleur : Cire d'Abeille.
Nez : Mer calme. C’est un nez calme qui s’offre à nous, plutôt atypique. Nous allons devoir aller chercher des notes iodées et salées avec toutes les images olfactives qui peuvent les accompagner, comme port de pêche, le poisson voire la criée. Une fois passé cette grande vague, des notes de malt, plus classique, viennent accompagnées de senteurs de noix, de chocolat mou et de bourbon, avec une certaine douceur vanillée et melliflu. Le nez est ensuite attiré par des notes de bois, bois brûlé et bois chaud, qui nous font entrer dans des senteurs plus caoutchouteuses.
Bouche : Mer douce. La Bouche est dans la continuité du nez et elle est assez inhabituelle. Elle demande un peu de patience, car nous avons à la fois, cette senteur iodée, mais légère, avec ces notes d’algues, mais aussi une douceur de l’alcool qui s’accompagne de notes de chocolat sec, de caramel salé, de gousse de vanille. Le bois est aussi (très) présent, avec des notes de terre, de sous bois sec. La texture est assez soyeuse, presque huileuse.
Finale : La mer d’huile. Nous restons, vraiment, dans une palette olfactive très singulière où le sous bois revient, mais plus doux, un brûlé un peu caoutchouté mais, il est plus vaporeux, permettant à des notes d’épice douces et vanillées de se présenter. La finale se termine doucement dans le café froid et dans le bois cendré.
Le fondateur de la distillerie, James Nelstrop, était le fils d’un fermier du Lincolnshire au nord-est de l’Angleterre. Il devient à son tour agriculteur, travaillant la terre dans le Norfolk, le Suffolk et le Lincolnshire et s’implique dans l’agriculture durable.
Durant des années il cultive l’orge qui est ensuite envoyée en Écosse pour être distillée en whisky. De cette période naît le désir de construire sa propre distillerie. La famille Nelstrop devient alors la pionnière du renouveau du whisky anglais. Saint George démarre sa production en 2006 en tant que micro-distillerie, mais sa notoriété n’a fait que grandir, sous les bons hospices de Ian Henderson, ex-manager de Laphroaig et ancien maître-distillateur d'Edradour, qui l’initiera à la production de whisky.
Fût n° 02/2020. Mise en fût en mai 2013. Mise en bouteille en aout 2020. 7 ans. 46% - non filtré à froid
Maturation : Fût toasté de Pedro Ximenez Sherry. Bouteille n° 1458.
Couleur : Vin blanc.
Nez : Douce fumée. Nous sommes là sur un nez très étonnant, mais nous allons le voir, plutôt complexe. Si c’est la fumée et la malterie qui nous attirent, il n’en est pas moins vrai, que ce sont des notes florales et citronnées qui se développent tranquillement. Ainsi nous pouvons trouver de la fleur blanche, de l’iris d’eau, du thym citronné et de la mélisse. Le nez se fait ensuite plus pâtissier, avec de la vanille et le raisin sec. Ensuite une fumée légère revient accompagnée de vieux chêne.
Bouche : Douceur épicée. La texture est plutôt agréable, un peu grasse et nous entrons fortement dans l’épice et l’agrume (Orange et mandarine) qui va
de caramel dur, voire de cuir humide. Avec un peu de temps et une seconde gorgé, s’ouvre une porte de notes plus fruitées et plus boisées. Un boisé tranquillement fumée, sans exagération, avec un peu de torréfaction.
Finale : Douceur fruitée. Étonnement la finale est plutôt fruitée et melliflue. Elle est plutôt longue et agréable. Elle nous apporte, aussi, des notes de noisette, d’orge et de caramel. Une cendre douce et froide vient finir cette finale.
Vive la jeunesse ! Nous continuons dans la découverte de jeunes et belles distilleries. La Spey est, elle aussi, marquée par la personnalité de son propriétaire. L’histoire commence en 1965. Au cours des 25 années suivantes, a été lentement et amoureusement converti un ancien moulin à eau en une distillerie de single malt. La premier distillat est sorti des alambics 1990.
La distillerie tire son eau de l'affluent de la rivière Spey, la rivière Tromie. La qualité de sa production a permis à la Spey d’offrir rapidement des whiskies de grande qualité.
Le Fumare a ainsi obtenu de nombreux prix, notamment la médaille d’or à l’International Spirit Challenge.
Sans d’age. Bouteille 985 sur 18 000.
Couleur : Vin jaune.
Nez : Boum tourbe. Nez subtil. Bien sûr, la tourne est là, mais elle est agréable, avec des nuances humides et salées. Elle se laisse découvrir. C’est une tourbe pudique. Elle se cacherait presque derrière des notes de bois humide, herbe chaude d’un matin d’été et de noisette. Si nous restons tranquillement sur ce dram, se déplient des notes de cacao doux ou plutôt de beurre de chocolat et revient, en force tranquille, la tourbe que nous avions mise de coté. Cette fois-ci elle est plus terreuse et cendrée.
Bouche : Boum île. Bien sûr, la bouche nous fait penser à quelques petits whiskies d’islay, avec ses notes fumées et tourbées. Nous nous rapprochons presque d’un Laphroaig, avec un coté un peu médicinal mais en plus salé. Pour se séparer de cette image, nous pouvons nous concentrer sur des notes d’épice et de miel, sur l’agrume et le caramel (qui est forcement au beurre salé). Ce caramel nous entraîne vers des notes plus pâtissières où nous allons trouver le biscuit sec et la vanille.
Finale : Boum camp. La finale est agréable, plus longue que ne l’aurait laissé à penser la bouche. Nous entrons dans la fumée de tourbe, plutôt légère, avec toujours ces notes maritimes de terre salée et humide.
Le verre vide reste sur cette atmosphère de boisé et de salé.
Nous revenons en Irlande, avec un whiskey plus traditionnel le Hyde n°9. Vous vous souvenez nous avions goûté le n°6. Ce dernier ayant subi un affinage en fût de vin de Bourgogne, pendant 8 mois. Le n°9, après 8 ans en fût de Bourbon, aura une finition 9 mois en fût de Tawny.
La première marche pour accéder au porto est le ruby. Il tire son nom de sa couleur. C’est un vin assez jeune dont le vieillissement, en fût, varie entre deux et quatre ans.
Plus complexe, le tawny, dont l’âge est mentionné (10, 20, 30 ou 40 ans), signe le raffinement du savoir-faire de chaque maison. Ce vin provenant d’un assemblage de plusieurs millésimes.
Triple distillation - Non filtré à froid
Mise en bouteille en juillet 2020. Bouteille 1696 sur 5 000.
Maturation : 8 ans en fût de bourbon. Finition 9 mois en fût de Tawny, Porto.
Couleur : Cerise. (C’est pour changer un peu, mais c’est plutôt cire)
Nez : Rouge. Un nez pimpant qui se répand dans des notes de fruits rouges, avec la mûre, la groseille et la cerise encore jaune. La finition en fût de Tawny, a eu beaucoup d’influence. Le rouge bien connu, le nez va pouvoir se concentrer sur des notes de caramel mou et d’épice (cannelle). Du coup nous allons vers le gâteau mielleux et le pain d’épice. L’orange pointe son …nez avec son poireau. (je sais, c’est pas toujours facile, mais je trouve des notes de légumes verts*)
Bouche : Orange. Avec la bouche nous entrons dans l’agrume, avec de l’orange sèche et le zeste d’orange. Nous sommes ensuite entraînés vers les notes du nez, avec un retour sur les fruits rouges et les épices, mais aussi sur des senteurs plus acidulées avec la vieille prune, la noisette et le raisin desséché.
Des notes plus sucrées, sucre brun, prennent ensuite le dessus, en harmonie avec des tons vanillés et poivrées.
Finale : Noir. Elle est plutôt longue et dans la suite du sucre brun, mais revenant rapidement vers des notes de poivre noir et ses classiques que sont la cannelle et les fruits rouges. Elle va s’étirer vers le malt, la noix et le raisin sec.
Voilà un petit cadeau offert par le Cercle des Amateurs de Whisky. C’est encore le moment de lui porter un toast.
Il est en effet pas commun de goûter un whisky de grain….de riz.
Le whisky Kujira est un assemblage de single grains vieillis 20 ans en fûts de Bourbon uniquement, sous un climat subtropical dont l'influence s'exprime au travers d'un profil de dégustation profond et complexe.
Ce single grain dont l'originalité est donc d'être élaboré à partir de riz long de type indica fermenté avec des levures, comme le whisky, et du type Koji noir, variété unique des îles d'Okinawa. Il est ensuite distillé en alambics traditionnels selon la méthode de fabrication héritée de l'awamori, le spiritueux traditionnel de la région.
Maturation, 20 ans en fût de bourbon du Kentucky.
Couleur : Caramel.
Nez : Attention ! Un nez bien différent de ce que nous pouvons connaître. Et cela fait du bien. Il est plutôt complexe, mais léger, avec des notes de pain blanc, de bois sec, de graines grillées. Nous allons ensuite vers la prune, la crème de vanille (Celle laissée sur la table) et de nouveau vers le pain, mais cette fois dans la mie de pain. La vanille se fait plus puissante et nous entraîne vers la noisette puis le gâteau aux noix. Vers la fin, la douceur du bourbon se fait sentir avec des senteurs caramélisées et des notes de réglisse, voire d’anis.
Bouche : Extension. Quelle bouche incroyable. La whisky va se répandre dans toute la bouche pour y se donner dans des notes de caramel, de vanille, de sablés, de bois tendre. Il y a une tension qui lie toutes des saveurs qui est une note de grillé, de brûlé léger. Des notes poivrées se rendent ensuite présentes qui donnent une belle vitalité à cette bouche un peu grasse.
Finale : Impression. La finale est douce et le whisky persistant. Mais le whisky reste dans la bouche, sans aller vraiment dans la gorge.
Elle va nous apporter des notes de graines d’anis, d’amandes grillées, ou mieux de pop-corn et d’épice.
Le verre vide nous donne des notes de parquet chaud et de fût de bourbon vide.
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