Retour de Vacances
Présentation de la dégustation
En général, partir en vacances signifie, prendre quelques livres pour se détendre comme la ferme des animaux de G. Orwell ou le grand tsar blanc de Vladimir Volkoff. Mais cela peut aussi signifier, découvrir d’autres fragrances, d’autres notes alcoolisées de fruits ou de bois, d’herbe ou de goudron, dans des bouteilles de whisky.
Pour cette dégustations nous nous sommes promenés à droite et à gauche des présentoirs, regardé en haut et en bas des étalages, nous avons senti et goutté et nous vous rapportons quelques bouteilles de nos vacances.
Nous commençons nos découvertes et nous retrouver en Écosse avec une jeune distillerie du nord-ouest des Highlands, Ardnamurchan. Celle-ci a ouvert ses portes en juillet 2014, et est située à l’entrée du loch Sunart et donc pas très loin de l’ile de Mull. Elle appartient au groupe Adelphi. Ce groupe s’est surtout fait connaître par ses approvisionnement en single casks rares et uniques de Scotch whisky auprès d'autres distilleries. Ainsi son Macallan, âgé de 30 ans, a reçu le score le plus élevé de tous les Macallan aux Malt Maniacs Awards en 2006. Un Inchgower de 26 ans a remporté l'une des cinq médailles d'or décernées en 2008 et un fût très rare de Lochside de 46 ans a remporté l'une des huit médailles d'or en 2011. C’est en constatant l’augmentation de la demande mondiale de whisky, qu’Adelphi a décidé de faire construire une nouvelle distillerie à Ardnamurchan. Dès le départ, les propriétaires ont souhaité développer la production local. Ainsi jusqu'à 50 % de l'orge proviendra d'une ferme familiale de West Fife qui a fait ses preuves dans la fourniture d'orge brassicole de qualité supérieure. Les céréales restantes proviendront de l'un des meilleurs malteurs d'Écosse.
Nous continuons par le lointain, en se faufilant entre les alambics de la distillerie Kaikyo. Située non loin d’Osaka sur la côte de la mer intérieure de Seto, elle produit depuis 1856 du saké et depuis 1917 le shochu, une boisson traditionnelle à base, notamment, de riz et de blé. Un siècle plus tard, (en 2018) pour honorer sa famille et célébrer le centenaire de la distillerie familiale, le Master Distiller & Blender Kimio Yonezawa a fondé la Distillerie Kaikyō et lancé ses propres marques de gin et whisky, en installant deux nouveaux alambics Forsyth's.
Sa situation en bord de mer, avec un climat particulier, rythmé par des hivers secs et tempérés, et des étés chauds et humides, lui offre d’excellentes propriétés pour le vieillissement des spiritueux. D’autant plus que la Distillerie Kaikyō abrite désormais un chai riche de différents fûts fabriqués à partir de plusieurs types de bois, comme le chêne américain, le chêne japonais mizunara et le bois de cerisier.
Avec la troisième dégustation, nous continuons de découvrir des jeunes, mais cette fois ci ils seront irlandais. C’est Mark Reynier, l’ancien co-propriétaire de Bruichladdich qui fonde la distillerie Waterford en 2015. Comme Ardnamurchan la notion de terroir y est très développée. La distillerie travaille en étroite collaboration avec une centaine de fermiers irlandais. En 2016, elle produit le premier distillat de malt irlandais bio et plus récemment, un whisky à partir d’une orge cultivée en biodynamique. Cette collaboration ira jusqu’à distillé l’orge d’une seule ferme. Nous aurons alors des single farm. Une seule récolte, une seule année, une seule ferme. Si ce travail est des plus passionnant, le consommateur, lui, s’y perd un peu, dans les différents embouteillages. Heureusement, il y a quelques constantes, comme le degré d’alcool à 50%, une fermentation longue, une distillation lente et un choix de fûts de chêne exceptionnels.
Nous repartons en Angleterre, pour déguster une bouteille de la distillerie Costwords. C’est une handcrafting, c’est-à-dire une artisanale, produisant une faible quantité de whisky et cela depuis 2014. Là aussi nous allons retrouver l’utilisation d’orge local et l’utilisation d’une malterie anglaise, Warminster malting, la plus ancienne malterie de Grande-Bretagne. Cette distillerie va utiliser, pour sa fermentation, deux souches de levure sèche (Anchor et Fermentis) et une durée assez longue, 90 h. Nous sommes d’habitude aux alentours de 65 h. Cette méthode permet d’aboutir à un moult chargé d’esters, base de la complexité du distillat. Elle va aussi travailler sur les moments de coupe de la distillation. Les coupes des têtes et des queues seront ainsi avancées, ce qui est inhabituel. Cela permet notamment d’avoir un whisky plus léger et moins rugueux.
Pour terminer, (et oui, il n’y a que 5 dégustations) nous allons vraiment changer, nos très anciennes habitudes et dégustant un …… rhum. (Comme quoi les vacances nous font faire n’importe quoi !).
Le Rhum Bologne nous vient de la Guadeloupe, un petit département sympa entre la mer des caraïbes et l’océan Atlantique. Cette plantation installée sur les flancs de la Soufrière depuis le XVIIe siècle, a connu différents types de cultures jusqu’au milieu du XIXe siècle où y fut développée la monoculture de la canne à sucre sur toutes ses parcelles. Cette révolution révéla intégralement la richesse exceptionnelle de ce terroir volcanique. En activité depuis 1887, Bologne est la plus vieille des distilleries de la Guadeloupe, mais elle prendra vraiment son essor grâce à Louis Sargenton-Gallard qui en fait acquisition en 1932. Patiemment, il aura à cœur de reconstituer l’habitation d’origine en rachetant les propriétés voisines (Beauvallon et la Coulisse). Mais surtout il se rendra maître de son approvisionnement en canne à sucre, en achetant la propriété de Fromager à Capesterre, sur le versant Est de la Soufrière.
Pendant près de 40 ans, il va élaborer des rhums d’exception en s’appuyant sur ce domaine de cannes à sucre unique. Cette approche a été rendue possible grâce à sa vision stratégique de l’importance cruciale pour une distillerie de détenir ses propres plantations de cannes à sucre : seule garantie que la récolte sera effectuée à maturité parfaite, et que la coupe et le transport des cannes se feront dans des conditions optimales, afin d’en extraire le meilleur. Depuis 2014 la distillerie Bologne connaît un renouveau important avec notamment le Black Cane, une série limitée 100% canne noire. Cette variété a été abandonnée des planteurs de Guadeloupe, car elle ne produisait pas suffisamment de jus, mais sa palette aromatique , en revanche est fabuleuse.
A vous de la découvrir !
La distillerie Ardnamurchan développe sa communication de façon particulière. Ainsi chaque bouteille possède un QR code, permettant de connaître le numéro de la bouteille, qui a fait l’embouteillage, d’où vient l’orge, les heures de fermentation et qui en était le responsable et de même pour la distillation. Bon c’est sympa de savoir que c’est Nicky, mais est-ce bien nécessaire ?
Le plus intéressant est de savoir que c’est un mélange 50/50 de malt tourbé et non tourbé, maturé dans 65% Bourbon et 35% Sherry. Même s'il s'agit officiellement d'une version non vieillie, elle serait considérée comme un whisky de cinq ans, le whisky le plus ancien n'ayant que sept ans.
Bouteille NAS.
Non filtré à froid. Couleur naturelle.
Bouteille 1322/21000. Mise en bouteille le 28 octobre 2021.
Maturation : 65% Bourbon et 35% Sherry.
Couleur : Paille humide.
Nez : Léger. Nous voilà devant un nez agréable, plutôt doux, et qui se cache. Nous allons y trouver des notes pâtissières, avec de l’agrume, du sucre de canne et un mielleux chocolaté. L’ouverture du nez nous attire ensuite vers des notes plus classique pour un jeune whisky, que sont le grain, le malt broyé et les pâtes sèches. Vers la fin, il nous entraîne vers une tourbe humide et salée avec des notes de fumée de bois humide.
Bouche : Structure. Un corps très structuré qui enveloppe bien la bouche, qui va nous apporter, dans la suite du nez, des touches agrumes et de fruits. Nous allons trouver de l’abricot et de la pêche, mais aussi quelques fruits rouges (cassis). Ces beaux fruits vont être phagocytés par la jeunesse du distillat, avec ses notes de bois (Chêne), de liqueur de fruit blanc (poire), de vanille et d’épice. Une nouvelle bouche, nous fait entrer dans la fumée tourbé, les fruits à coque (noisette, noix) et le poivre.
Finale : Douce mais pas trop. La finale est douce et moyennement longue et nous mène vers des notes de tourbe légère, de poivre et d’épice. Nous retrouvons le profil d’un jeune whisky avec une présence de notes céréalières.
Une distillerie à suivre.
Ce whisky Hatozaki «pure malt» est un assemblage de plusieurs whiskys de malt vieillis pendant 5 à 6 ans. C’est un «small batch», produit à partir de moins de 20 fûts. Ceux-ci ont été utilisés précédemment comme fûts de xérès, de bourbon, dans la continuité de la tradition écossaise. Une partie de l’assemblage vient aussi en fûts des forêts de Mizunara et de Tohoku, qui avaient déjà contenu du single malt japonais.
Il n’est (normalement) plus possible depuis le 23 novembre 2009, d’utiliser le terme de « pure malt », mais il reste encore utilisé par les distilleries japonaises.
Il porte le nom du phare voisin de Hatozaki, qui est le plus ancien phare en pierre du Japon.
Whisky sans âge - NAS
Non filtré à froid.
Maturation : Fûts de xérès, de bourbon et fûts des forêts de Mizunara.
Couleur : Vin blanc
Nez : L’agrume. Nous avons tout de suite l’agrume au nez. Nous allons de douceurs citronnées à de l’orange mentholée pour dériver vers la pâte de fruits. Cela passé nous entrons dans la douceur de notes de fruits secs, de miel, de malt et de céréale. Nous continuons notre dérive vers le bois sec (chêne). Si nous attendons un peu, le fruit se rend plus présent et nous allons doucement vers le fruit blanc comme la banane ou la pêche. Le nez s’ouvre et nous découvrons alors des notes de fumée blanche, de cire et d’encens. Ce dernier nous amène vers de la cendre froide et le cuir.
Bouche : Fruité. La bouche est douce et agréable. Nous sommes attirés vers le fruit blanc, l’agrume ou plutôt le zeste d’orange. La complexité grandit avec l’arrivée d’épices douces, de notes de fruits secs et de céréales. Le poivre va ensuite se faire plus présent pour s’évaporer ensuite dans des notes de malt et de miel solide.
Finale : Boisée. La finale est plus boisée que maltée. Mais nous allons retrouver notre nez, avec des notes de fumée légère, de malt et de cendre. Il y aura aussi quelques notes melliflues qui viennent, vers la fin, bousculer celles boisées.
Et c’est tant mieux.
La distillerie Waterford a tout de suite attirée les amateurs de whisky, car le terroir y est vraiment mis à l’honneur, et plus précisément l’orge. Celui utilisé pour ce GAIA 1.1 est le premier whisky irlandais biologique certifié par l'Organic Trust. Waterford indique qu’il est le premier de sa nouvelle série Arcadian, une gamme non conventionnelle de distillats biologiques, biodynamiques et patrimoniaux.
Et pour ceux qui l’aime vous pouvez vous rapprocher de Paddy Tobin, Alan Jackson, Pat et Denis Booth, Jason Stanley, Trevor Harris et John Mallick, cultivateurs de cette orge irlandaise biologique.
1 bouteille sur 24 000
Maturation : La maturation a été faite dans des fûts de chêne américain de premier remplissage (42%), de chêne américain vierge (17%), de Vin Doux Naturel (18%) et de chêne français (23%).
Couleur : Cire jaune.
Nez : Coco. Le whisky est jeune et cela se sent au nez, avec une puissance modeste. Ce qui attire, car un peu inhabituel, ce sont des notes de noix et de lait fermenté, mais nous allons vite retomber sur nos pieds (de nez) avec des notes d’herbe sèche, de vanille et d’orge malté. Bien sûr cela ne s’arrête pas là, nous avons dit qu’il avait de la puissance, nous découvrons des notes d’agrume, de citron qui dérivent gentiment vers de la cire et l’épice.
Bouche : Attaque. Belle attaque de la bouche, avec une explosion de malt, de vanille et de fruits à coque. Après avoir soutenu cette attaque nous entrons
dans des notes plus « douces » d’épice (muscade, girofle), mais aussi de fruit blanc comme la pêche et la poire. En prenant un peu de temps vous allez pouvoir redécouvrir des notes du nez, avec l’herbe, la noix fraîche et l’agrume. La note de malt reste cependant très présente tout au long de la dégustation.
Finale : Tendre. Après l’attaque, la tendresse. La finale est plutôt longue (Nous sommes tout de même à 50%) avec des notes d’herbe et de champs de fin d’été, le malt et de fruits jaunes. Elle est légèrement tannique en développant du coup des notes cacaotées.
Cotswolds, une des rares distilleries anglaise, est située au sud de Birmingham à Stourton. Elle fut fondée en 2014 par Daniel Szor, assisté par Harry Cockburn ( maître distillateur et ancien directeur de production à la distillerie Bowmore ) et de Dr Jim Swan (un expert en maturation en fût. Penderyn, Kavalan et The Milk).
Le premier fût de whisky single malt est rempli le 22 septembre 2014. La distillerie est équipée de trois alambics : un wash still de 2400 litres, un spirit still de 1600 litres.
Maturation : Notre bouteille est issue de l’assemblage, à parts égales, d’un fût de bourbon de second remplissage, d’un fût de chêne neuf, d’un fût ayant contenu un xérès oloroso et d’un fût ayant contenu un xérès issu du cépage pedro ximenez.
Whisky sans âge - NAS Non filtré à froid.
1 Bouteille sur 480.
Mise en bouteille le 17 août 2020.
Fûts n° 585, 608, 632 et 1160
Couleur : Brun
Nez : Ça pique. Belle puissance du nez avec, ça pique un peu, de l’épice et du poivre. Nous allons trouver le clou de girofle, la muscade et les 3 poivres de M. Ducros. Le clou nous mène vers des notes de tabac (Cigare) et vers des notes un peu chaudes de torréfaction. Le nez se complexifie et nous allons partir vers de l’agrume et des notes citronnées tout cela enrobé par de l’orge malté. Nous pouvons rester longtemps sur ce nez, car il n’hésite pas en vous en donner un peu plus, avec une arrivée de notes camphrées et médicinales et un retour de l’épice et du fruit blanc.
Bouche : Ça chauffe. Bon à 60,8%, ça chauffe, mais la bouche est tellement vive qu’elle nous offre immédiatement des notes chocolatées et épicées. Le malt, présent, se métamorphose en foin coupé du matin et en fleur d’eau (iris). La bouche s’habitue à l’alcool et le whisky nous entraîne vers le bois et les fruits à coque et la vanille.
Finale : Ça dure. On le sens passer. La finale nous offre une belle continuité de la bouche avec l’orge, le bois chaud, la praline et l’épice.
N’hésitez pas à mettre le nez dans le verre vide, vous aurez le chocolat et, en abondance, le malt et l’herbe coupée.
Avec le rhum canne noire de Bologne, nous entrons dans les particularismes de la distillation. Il est, en effet, issus d’un alambic à colonne de type Savalle au cours d’une distillation à basse température très précise qui privilégie, grâce à sa colonne en cuivre, l’expression du terroir et de cette variété de canne oubliée.
Il s’agit, aussi, d’un brut de colonne monovariétal. C’est-à-dire sans mélange avec d’autre essence de canne.
Il s’en suivra, pendant plusieurs mois un assemblage des rhums de cannes noires où nous retrouvons cette phase de maturation pendant laquelle se produisent une évaporation favorable à la concentration et une lente oxydation.
Nous voyons, là encore, la recherche et l'expérimentation, couplées à la volonté de favoriser le patrimoine local.
Couleur : Alcool blanc.
Nez : Le sucre. Bon, cela change nos repères, mais quel nez ! Nous sommes dans la fraîcheur, avec une attaque équilibrée de notes de canne fraîche, de citron vert et de réglisse. Le sirop se fait présent et nous entraîne vers le fruit exotique (ananas, carambole). Mais la canne ne se laisse pas faire et elle revient avec des notes de sucre humide, de banane bien mûre voire de banane flambée.
Bouche : Le menthol. La bouche est à la fois en rupture avec le nez, tout en étant dans la continuité. Nous sommes dans des notes de poivre et de bonbons mentholés. Si nous essayons de garder, un peu, l’alcool en bouche, et cela n’est pas facile à 70,2%, nous allons retrouver nos notes du nez avec l’agrume (citron vert voire citron confits). Patientez un peu avant de prendre la seconde gorgée (Il n’y aura peut-être pas de troisième) et vous découvrirez un peu plus la canne, des notes boisées et un peu terreuses. Le poivre nous revient ensuite, accompagné de ces notes de citron vert, qui sont sûrement, le fil rouge de ce rhum.
Finale : La dissipation. La finale est persistante et longue. Elle n’est cependant pas agressive car sucrée. Elle va se dissiper dans la gorge avec des notes florales et de terres humides.
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