Présentation de la dégustation
Il y a longtemps que le WAC souhaitait vous faire découvrir les whiskies français, car nombreux sont maintenant les alambics alimentés par le feu tricolore. L’un des précurseurs est la distillerie Warenghem, située à Lannion, qui a commencé à distiller du whisky en 1987. Il s’agissait du blend, le WB, élaboré à partir de 75% d’alcool de grain et de 25% de malt. Mais le premier connu fut le Biniou, produit par la société des alcools du Vexin, qui fit son entrée en 1983, à la fête élyséenne du 14 juillet.
La plupart des distilleries ont débuté leur production aux alentours de l’an 2000. Elles commencent à être répertoriées dans l’atlas mondial du whisky, de Dave Broom. Dans l’édition de 2011, vous pourrez en retrouver une quinzaine. Vous aurez : Les Menhirs, Glann ar Mor, Monsieur Balthazar, Guillon, Lehmann et Mavela. Six ans plus tard, le livre Whisky Made In France, édité en 2017, nous offre une très agréable présentation de 42 distilleries. Aujourd’hui, certains disent que nous en sommes à une centaine.
Et en plus de ces dernières, des affineurs embouteilleurs vont proposer à nos palais une gamme très vaste de whisky, fruits de leur travail. Les plus connus étant AWA, Bellevoye, Michel Couvreur, Roborel de Climens et Benjamin Kuentz.
Pour cette dégustation, nous allons découvrir 5 distilleries et un affineur.
Nous commencerons donc, notre tour de France, par la Bretagne, haut lieu du whisky français, et par la plus précoce des distilleries, Warenghem. Elle existe depuis 1900, distillant des fruits et fabriquant des liqueurs bretonnes.
C’est 1984, après avoir fait fabriquer deux alambics de type pot Still écossais, un Wash Still de 6 000 litres et un Spirit Still de 3 500 litres, que sortira en 1987, le WB. En 1998, le premier single malt français, l’Armorik, fera son apparition. En quelques années la gamme va s’élargir et des médailles vont être décernées, montrant la qualité du travail de Gilles Leizour et aujourd’hui de David Roussier.
Nous continuons en douceur, par un rendez-vous avec la distillerie Lehmann, située en Alsace, à Obernai. Elle a débuté en 1850, par de la distillation d’eau-de-vie de fruits et par du marcs. C’est en 2 000, qu’Yves Lehmann, de la 5ème génération, débute dans le whisky, avec le Elsass Whisky, (Tout bêtement whisky alsacien), vieilli en fût de chêne de vin blanc français. En 2014 ce whisky sera médaille d’or au concours général agricole de Paris. Entre temps la gamme se développe avec Gold et Premium. Le premier est vieilli 6 ans en fût de Bordeaux blanc et 1 an en fût de Sauternes et le second, 8 ans en fût de Sauternes.
La suite de nos découvertes, nous ouvre les portes de la distillerie Castan, située à Villeneuve-sur-vère, au nord-ouest d’Albi. A ses débuts, en 1950, la famille Castan promène son alambic ambulant dans les villages du Tarn et de l’Aveyron. C’est la troisième génération qui s’essaye à la production de whisky en 1992. C’est elle aussi qui décidera de fabriquer une distillerie en 2008. L’alambic ambulant, ne le sera plus, et pour le rendre apte, y seront apportées quelques modifications, notamment une chauffe à la vapeur. Une autre particularité de cette alambic est qu’il est composé de 4 cuves de chauffe, alignées, pouvant fonctionner individuellement ou ensemble. Nous sommes très loin des pots still écossais.
Mais ce n’est vraiment qu’en 2010, que Sébastien Castan mis en bouteille son premier Vilanova (Villeneuve en occitan). Aujourd’hui, la gamme s’entend avec particulièrement un whisky de malt de seigle en double maturation.
Nous voilà maintenant chez Rozelieures, situé à Rozelieures au sud de Nancy. Comme il se doit dans ce pays, cette belle maison a commencé en 1860, dans l’eau-de-vie et la liqueur à base de mirabelle et de poire William. C’est en 2002 qu’Hubert Grallet, se lancera dans la distillation d’orge malté. A ses débuts, la production sera exclusivement tourbé. Aujourd’hui la gamme s’élargie fortement, avec même, une recherche sur la distillation d’orge de parcelle spécifique. Vous trouverez ainsi sur l’étiquette la localisation du champs, les caractéristiques du sol, le jour du semis et celui de la récolte, en plus d’autres informations.
Nous passons ensuite chez Benjamin Kuentz, qui se présente comme un éditeur de whisky, avec une envie de bousculer quelques codes, l’approche et les saveurs propre à l’univers du whisky, tout en conservant ce que la tradition a su apporter de meilleur. Mais comme nous le connaissons bien, le Benjamin, (Cf. nos dernières dégustations) nous allons tout de suite parler du Domaine des Hautes Glaces, situé à St Jean-d’Hérans, dans les Alpes. C’est en 2008 que débute le travail de cette ferme-distillerie par la plantation de semis et c’est en 2011 que sortira le premier distillat. Fred Revol utilise des variétés d’orge d’automne et plutôt des variétés rustiques car il travaille en bio. Par un travail lent et patient, le DHG, sortira peu à peu une gamme de whisky toujours extrêmement bien travaillés, au goût subtil et très ancrés dans le terroir.
Avec rendez-vous de la distillerie Lehmann, nous entrons dans une douceur légère. Nous avons un vieillissement en fûts de Bordeaux blanc, qui s’accompagne d’une fine tourbe. Ce whisky fait partie d’une gamme, où vous trouverez un blend, C’est la Vie, élevé, lui aussi, en fût de Bordeaux blanc et Coup de Foudre, un single malt élevé en fût de Cognac.
Cette distillerie choisit avec attention ses fûts en allant chercher plutôt des anciens fûts de vin blanc. En plus du Bordeaux, vous trouverez du coteau-du-Layon et du sauternes
Whisky sans âge - NAS
Non filtré à froid. Whisky artisanal
Maturation : Fût de Bordeaux blanc
Couleur : Miel
Nez : Chaud devant.
Nous avons une belle puissance au nez au regard d’un degré alcoolique assez faible. Nous trouvons, tout de suite, des notes de bois cendré et de tourbe. Elles sont agréables, légèrement humide et s’accompagnent de notes de sous-bois après un journée de forte chaleur. Le bois nous fait dériver vers des fleurs d’eau, comme le nénuphar. Il nous entraîne aussi, vers le bois blanc. Une fois cette dérive passée, nous avons, quelques notes plus fraîches de menthol, d’agrume, comme le vieux citron, mais aussi de poivre.
Bouche : La douceur.
Après la légère puissance du nez, la bouche se fait plus
tonique. Elle se trouve être dans la continuité du nez. Nous y retrouvons cette tourbe, toujours légère, avec cette fois-ci, des notes de fumée blanche. Nous allons aussi y trouver l’agrume, avec un peu plus d’orange séchée. La maturation en fût de vin blanc va nous apporter quelques notes herbacées et peut-être trouverez vous quelques notes de fruit, comme la poire molle et la pomme Estar (avec ses notes citronnées).
Finale : La mélancolie.
La finale se cache (un peu). Nous retrouvons tourbe de la bouche, avec un peu plus de poivre. Des notes maltées font leur apparition. Ce Rendez-vous nous entraîne dans une agréable mélancolie et nous donne envie de reprendre un autre verre.
La distillerie Warenghem montre par ce whisky, ayant subi une double maturation, son savoir faire dans le choix et la qualité des fûts.
Le distillat a d’abord été vieilli, au moins 5 ans, dans des fûts de chêne des forêts de Bretagne, fabriqués par le dernier tonnelier breton. Après ces quelques années, le whisky est transféré dans des fûts de sherry Oloroso, pour une maturation de quelques mois.
Cette maturation en fût de chêne breton, sera développée, avec des recherches sur les types de bois et les toastages, pour aboutir en 2016 à la mise en bouteille de l’Armorik Dervenn (Chêne en breton). L’idée de la distillerie est de pouvoir montrer que l’ensemble des produits sont breton
Yec’hed mat
Bouteille NAS. Non filtré à froid. Couleur naturelle.
Maturation : Fût de chêne breton et fût de sherry Olorroso
Couleur : Paille
Nez : Équilibre.
C’est un nez équilibré et puissant. Des notes douces et agréables se présentent et nous trouvons du fruit, avec la mirabelle, l’agrume avec la mandarine et le citron sec, un peu d’épice et un coté melliflu. Avec un peu d’attente, nous allons trouver le malt, la malterie et le bois du fût. Un bois chaud et vanillé. Cette vanille nous entraîne délicatement vers le caramel avec quelques touches salines. Nous ne sommes pas dans le beurre salé, mais sur le seuil.
Bouche : Maintenant, ça penche.
La bouche est dans la continuité du nez,
avec cependant, un penchant vers la complexité. Et c’est tant mieux.
Nous avons là une bouche enveloppante, qui nous attaque par le bout de la langue, apportant des notes d’épices et de sel. Nous retombons ensuite sur les notes connues du nez, avec l’agrume, où l’orange sucrée prend le pas sur de la pomme rouge. Nous retrouvons aussi l’épice, avec du poivre doux et de la muscade. Nous perdons les notes sucrées de miel pour gagner la céréale et l’orge malté.
Finale : Mais lentement.
La finale est plutôt longue et se complet dans des notes étonnamment marines, doucement accompagnées par du gâteau à l’orange, du miel de châtaigne et d’épices douces.
Pour tout vous dire, (est être transparent, comme il est dit aujourd’hui), j’ai hésité à vous présenter, chers wacœurs, ce whisky, tellement atypique.
Mais n’êtes-vous pas prêts à découvrir le monde (du whisky) ?
Nous nous trouvons donc devant un single cask, comme tous les whiskies de la distillerie, ayant comme base le Vilanova Terrocita, qui est un whisky tourbé vieilli en fût de chêne Français et en ex-fût de vin blanc. (Médaille d’or 2022 et 2019 au C.G.Agricole). Il subira ensuite une maturation, pendant 6 mois, dans des anciens fûts de vieillissement de café torréfié.
Belle découverte
Fût n°174. Bouteille n° 460
Maturation : Fût de chêne français et ex-fût de vin blanc
Couleur : Cire.
Nez : Extra-terrestre.
Nous voilà devant un nez particulièrement surprenant. Il a une forme de complexité mais tenue tout du long par des notes de chocolat noir (un peu passé) et de café torréfié (froid). Il va de soi qu’il ne faut pas s’arrêter à cela, (mais c’est pas facile), car avec un peu de patience, nous allons pouvoir trouver des notes de tourbe, de bois brûlé et de gâteau au café. Il y a, en effet, un côté un peu gourmand qui va nous faire descendre vers la cave d’une pâtisserie, pour y trouver des notes à la fois humides et chaudes, empyreumatiques, sucrées et crémeuses.
Bouche : El Gringo.
La bouche est dans la continuité du nez avec une belle attaque. Nous y découvrons des notes automnales de bois chaud et d’herbes sèches. Il y a aussi ce coté petit déjeuner, qui nous vient à l’esprit, avec des notes de café brûlé et de miel de châtaigne. La bouche, onctueuse, nous entraîne aussi vers le caramel, le pain trempé dans du chocolat et le malt grillé.
Finale : Serré.
Le café se corse vers la fin. Il en est de même pour ce whisky. La finale est plutôt longue et agréable, avec une intensité plus importante de notes de café grillé et torréfié. C’est le nez qui revient au galop. Cependant nous y trouvons (tout de même) des notes de gousse de vanille, de miel chaud et de poivre.
Rozelieures se présente d’abord comme la Maison de la mirabelle. Il est vrai que la Maison est ancienne, mais elle a surtout la particularité de posséder l’ensemble du processus de fabrication, des semis de l’orge jusqu’à la mise en fût.
Elle a ainsi aujourd’hui 300 ha dont 50 à 100 ha d’orge à malt en fonction des années. Elle sème l’orge Lauréate et Prospect, pour une récolte annuelle entre 400 et 700 tonnes. Rozelieures possède ainsi ses propres aires de maltage. Ce qui, là aussi est très rare dans le monde des distilleries. Elle a aussi fait le choix d’avoir une fermentation en deux étapes. La première à température dirigée, la seconde sera libre, non thermo-régulée. Cela donnera une complexité et un gras au brassin (moût fermenté).
ouleur : Or jaune
Nez : C’est l’été.
Nez agréable avec des notes estivales de foin, d’herbes séchés et de céréales. Il est léger mais enveloppant. Nous allons être entourés de tourbe légère, de fumée lointaine et d’épice, la cannelle, pour ensuite être entraîné vers notes plus florales et plus chaudes. La tourbe, toujours légère, revient et est accompagnée de malt grillé et d’une douceur sucrée, agrémentée d’agrume.
Bouche : L’été sera chaud.
La bouche est comme le nez, agréable, mais la tonalité tourbé est plus accentuée. Nous allons retrouver une certaine fraîcheur apportée par des notes de fruits blancs et de gingembre. Le fruit se précise et nous trouvons des notes de poire; une poire pas encore mûr. La bouche est bien pleine, et au passage, nous fait découvrir des notes de tourbe cendrée, de goudron froid et de terre humide. Il y a aussi quelques notes gourmandes où nous allons retrouver la pain d’épice et pain perdu. (le vrai, pas celui des restaurants ! )
Finale : C’est déjà la fin de l’été.
C’est dommage, la finale est un peu courte, mais elle nous laisse des notes agréables de fruits blancs, de sous-bois, d’épices et de tourbe.
Le verre vide revient sur le malt, la levure et la tourbe.
Benjamin Kuentz continue de nous faire voyager dans son monde de l’édition. L’écriture de Végétal Musette est dans la continuité d’(un) verre printanier. Nous retrouvons ce vieillissement en fût de Cognac, qui donne cet esprit léger, floral et herbacé.
Cela nous donne, non pas le verre du printemps, mais le verre de l’été. Benjamin Kuentz continue d’écrire de nouvelles pages du grand livre des fragrances dans un style très original.
Bien que l’origine du distillat ne soit pas précisé, nous ne connaissons que la région, les Charentes. Et dans cette belle région, il commence à y avoir beaucoup de micro-distilleries et de distilleries, alors il n’y a plus qu’à chercher.
Maturation : Fût de Cognac, barrique de vermouth italien et d'eau-de-vie de gingembre.
Couleur : Vin blanc.
Nez : Le champs.
Bien sûr nous sommes dans un champs en début d’été. Il ne fait pas chaud et nous avons pas trop loin un verger. Nous allons donc trouver de l’herbe fraîche, du foin, de la céréale, de la poire et de la pomme verte. Ce nez est donc complexe et il n’est pas interdit d’attendre un peu qu’il s’ouvre. C’est à ce moment que des notes de vanille, de bois chaud, d’épice pointent leur nez. Elles sont accompagnées par des notes florales et citronnées.
Bouche : L’épice.
La bouche n’est pas dans le champs, elle est dans l’épice. Mais une épice douce qui est en duo
avec des notes d’agrume (citron) et de menthol. La bouche est large et grasse et nous amène vers des notes de céréale de début de journée, vers de l’épice et du poivre. Elle a un coté boisé et tonique qui nous fait rentrer dans le gâteau sec ou peut-être mieux dans une pâte de gâteau. En deuxième gorgé, l’épice est moins présente et laisse place au poivre et au sel, avec des notes maltées.
Finale : La belle fin.
La finale est plutôt longue et poivrée. Nous restons sur ces notes de miel de fleur, de malt séché et d’agrumes.
Et pour finir notre très agréable dégustation, nous entrons dans cette micro-distillerie pour découvrir le Tekton, du grec le charpentier.
C’est un single malt (et aussi un single cask). Son nom fait référence à l’origine du tonneau qui lui a donné ce goût et cette couleur si particulière : un demi-muid de Saint Joseph.
Le fût a été découvert dans un chai, pendant une tourné hivernal.
Le distillat issus de la moisson de 2016, y a passé 4 ans avant d’être mis en bouteille sans réduction (Brut de fût).
Début 2017, la distillerie a été racheté par Rémy Cointreau qui y a fait de forts investissements permettant de passer à 70 000 litres d’alcool pur par an au lieu des 9 000 litres auparavant.
Bouteille 133 sur 271. Mise en bouteille pour les 60 ans de la Maison du Whisky
Fut n° 33.
Maturation : Fût de Saint Joseph
Couleur : Jeune Calvados
Nez : Le Cellier.
C’est un nez gourmand qui s’offre à nous. (mais un peu discret) Nous sommes tout de suite attiré par son coté vineux, chaleureux et boisé. Il se développe agréablement sur des note de bois dur, de noix de muscade et de poivre léger. Son coté chaleureux nous présente des notes pâtissières avec de la brioche chaude, des gâteaux aux fruits et du gâteau au yaourt. Après avoir passé le pâtissier, nous allons trouver des notes de fruit blancs (vieille poire), de gousse de vanille et vieux bonbon mentholé.
Bouche : Au fond du cellier.
La bouche est onctueuse, mais est dans une autre tonalité que celle du nez. Nous entrons plus profondément dans le bois, le bois chaud et dans la pâtisserie, avec des notes d’amande et de gâteau. Le sel se fait aussi plus présent et domine l’arrière bouche, il s’accompagne de notes herbacées et chocolatées.
Finale : A fond dans le cellier !
Nous sommes dans une très belle finale, longue et salé. Nous allons retrouver notre menthol du nez, mais aussi le malt et le fruit (Cerise chaude, pomme caramélisée).
Le verre vide nous présente du malt, du bois chaud et de la cannelle
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